La collaboration d'une équipe canadienne et d'une équipe française aboutit à l'identification d'un mécanisme neurobiologique sous-tendant l'anorexie mentale et donc une piste thérapeutique plausible. <b>Dans un premier temps</b> les chercheurs ont montré chez des souris qu'un déficit en acétylcholine dans le striatum dorsal (structure associée au système de récompense) pouvait induire des comportements excessifs et entraîner la privation alimentaire stricte et volontaire que l’on observe chez les humains souffrant d'anorexie mentale. Ils ont alors décidé de tester l'impact du donépézil (Aricept<sup>®</sup> ), médicament connu pour augmenter la teneur cérébrale en acétylcholine par inhibition de sa dégradation, sur ces comportements compulsifs autodestructeurs. <h2>L'idée était bonne</h2> Les chercheurs ont constaté que le donépézil inversait complètement le comportement de type anorexique constaté chez la souris. A noter que ce résultat publié dans <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-024-49371-1" target="_blank" rel="noopener">Nature Communications</a> vient conforter des données précédemment acquises de façon totalement indépendantes chez des patients souffrant d'anorexie. Ainsi, sur une population de 10 patients avec anorexie mentale sévère traités par de faibles doses de donépézil, 3 ont pu être mis en <b>rémission complète</b> et les 7 autres ont été améliorés. Est-il vraiment nécessaire de rappeler qu'au sein de toutes les maladies psychiatriques, l'anorexie mentale est celle qui présente le <b>taux de mortalité le plus élevé </b>et par conséquent, cette découverte serait susceptible de préserver la vie de millions de personnes, principalement des femmes, de par le monde. Des essais cliniques contrôlés vs placebo et menés en double aveugle sont en train de se mettre en place. <h2>Cerise sur le gâteau</h2> Les investigateurs soupçonnent que d'autres pathologies (troubles obsessionnels compulsifs et dépendances) pourraient également être améliorées par le donépézil et cherchent à développer un <b>nouveau composé</b> présentant moins de problèmes gastro-intestinaux et musculaires.