Initialement confinée à l’Afrique et l’Inde, la drépanocytose est aujourd’hui devenue universelle en raison des mouvements de population. Ainsi, à ce jour la drépanocytose encore appelée anémie falciforme est la maladie génétique la plus répandue en Belgique, concernant environ un nourrisson sur 2.300 naissances. Elle est particulièrement fréquente dans les populations d’origines antillaise, africaine et méditerranéenne et très prévalente dans les villes où se concentrent majoritairement les populations à risque.
De quoi s’agit-il ?
La drépanocytose est une maladie rare qui fait partie des hémoglobinopathies. Il s’agit d’une maladie génétique héréditaire à transmission dite autosomique récessive.
Elle résulte d’une mutation unique et ponctuelle au sein de l’ADN du gène encodant la bêta-globine, situé sur le chromosome 11. Cette mutation aboutit à la fabrication d’une hémoglobine dite S pour Sickle, qui veut dire faucille en anglais.
La forme homozygote SS résulte de la transmission d’un gène muté par les deux parents, c’est la forme la plus fréquente et responsable des cas les plus graves.
Les sujets n’ayant reçu qu’un seul gène muté ne développent pas la maladie, mais ils peuvent la transmettre, ce sont des porteurs sains.
Dans la forme hétérozygote les patients ne sont porteurs que d’une seule copie du gène encodant l’hémoglobine S, la seconde copie est porteuse une mutation différente (il s’agit le plus souvent d’une mutation aboutissant à la fabrication d’une autre hémoglobine anormale dite C).
Quelle expression clinique ?
À cause de ces mutations, les globules rouges ont une forme anormale et s’agrègent provoquant des épisodes d’occlusion vasculaires douloureux. Sont particulièrement à redouter les AVC transitoires à répétition chez les enfants. Ces globules rouges sont par ailleurs détruits plus rapidement que les autres, provoquant une anémie chronique. De plus, il existe un risque accru d’infections.
Prise en charge aujourd’hui et demain
La généralisation du dépistage et les possibilités de diagnostic précoce combinées aux approches thérapeutiques appropriées ont permis d’ augmenter considérablement l’espérance de vie des patients affectés. Elle est aujourd’hui de plus de 40 ans alors qu’elle était inférieure à 20 ans avant les années 1980. Mais, il reste beaucoup à faire pour améliorer le quotidien et la qualité de vie des malades.
L’objectif est de parvenir à traiter de façon curative grâce aux outils d’édition du génome (tel le système CRISPR-Cas9) pour corriger directement la mutation responsable de la maladie. C’est désormais chose faite, la Commission européenne ayant accordé le 13 février une autorisation de mise sur le marché conditionnelle à CASGEVY® (exagamglogene autotemcel [exa-cel]), une thérapie génique éditée par CRISPR/Cas9.
Une autre approche pourrait être d’inhiber la production de l’hémoglobine S et rétablir celle de l’hémoglobine fœtale dont le gène est normalement réprimé dès la naissance.
A suivre.