Disons prudemment qu'il faut l'espérer si l'on veut un jour pouvoir se servir de cette efficacité avec un degré de certitude équivalent à celui que nous pouvons déterminer pour les substances actives. La tâche s'avère délicate dans la mesure où de très nombreux facteurs, sans base anatomique ou biologique identifiée, peuvent influencer la réponse d'une personne donnée à l'administration d'un placebo. Parmi les plus connus figurent la psychologie de l'individu, ses attentes/espérances en matière d'efficacité/soulagement (lesquelles peuvent être modulées/conditionnées en fonction d'expériences antérieures), le fait d'être "pris en charge" par le système sanitaire (pour mémoire, le simple fait d'être inclus dans un essai clinique peut générer une baisse de pression artérielle chez les participants recevant un placebo) et le degré de confiance accordé au prescripteur. N'oublions pas que l'effet placebo peut persister alors même que le patient sait qu'il reçoit un placebo. <h2>Focus sur la douleur.</h2> Sur le plan anatomique, une première étape a été la découverte en imagerie de différences de connectivité entre différentes zones cérébrales caractérisant les sujets <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-018-05859-1" target="_blank" rel="noopener">plus sensibles à l'effet placebo</a>. Une équipe américaine vient parfaire nos connaissances via des <b>expérimentations très astucieuses</b> menées chez des souris et dont vous pouvez retrouver l'essentiel dans ce <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-024-02439-w">communiqué de presse</a>. Les expérimentateurs ont recherché les circuits neuronaux impliqués dans le soulagement de la douleur chez des souris qui avaient été conditionnées à s'attendre à ce que le sol d'une cage soit plus frais et confortable que le sol d'une autre qui était chauffé à une température douloureuse de 48 °C. Ils rapportent dans <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-024-07816-z" target="_blank" rel="noopener">Nature</a> qu'après quelques jours de <b>conditionnement</b>, les souris passaient plus de temps sur ce qui était auparavant la cage au sol le plus frais, même si le sol était désormais également chauffé à 48 °C. Les souris conditionnées présentaient par ailleurs moins de comportements de soulagement de la douleur (épargner les pattes avant en se dressant sur les pattes arrière, se lécher les pieds), témoignage indirect d'une tolérance accrue à la température, mis sur le compte d'un <b>effet placebo analgésique </b>(l'espoir d'un soulagement réduit l'impact de la douleur). <h2>Circuits neuronaux.</h2> Dans le cadre de ces expériences, les chercheurs ont appareillé les souris de façon à pouvoir repérer en temps réel les circuits neuronaux qui étaient les plus actifs. Cela a permis de confirmer le rôle des zones cérébrales précédemment repérées en imagerie cérébrale et d'y ajouter la <b>région pontique</b>. Lorsque les chercheurs ont neutralisé les circuits d'activation vers cette zone, les souris conditionnées ne pouvaient plus tolérer le sol chaud et douloureux et lorsque ces circuits étaient artificiellement activés, les souris non conditionnées avaient un même comportement pour les deux températures de sol (pas de tendance à rechercher un sol plus frais), suggérant la mise en place de l'effet placebo analgésique. Dernier enseignement de ces expérimentations, la mise en évidence de <b>récepteurs opioïdes dans les noyaux du pont</b>, ce qui pourrait expliquer en partie au moins, les résultats observés et indique en tout cas une possible modulation de la tolérance à la douleur par médicaments, électro-stimulation et même, pourquoi pas, psychothérapie. Reste que les souris ne sont pas des hommes… A suivre…