Tout le monde le sait le fluor c'est bon pour les dents. Mais alors pourquoi une équipe américaine a-t-elle eu la curiosité de rechercher la présence de fluor dans une centaine de produits utilisés par les femmes pendant leurs règles ? Les dispositifs que les femmes utilisent pour se protéger pendant leurs règles sont multiples et variés (serviettes, tampons, coupes et culottes menstruelles) l'objectif étant de satisfaire au mieux leurs attentes. De façon générale la nature des composés utilisés dans la fabrication n'est pas divulguée et en l'absence d'obligation légale, les femmes ne connaissent donc pas les divers ingrédients qui sont présents dans le dispositif qu'elles ont choisi. Une équipe américaine a eu la curiosité de rechercher l'existence de composés fluorés, indicateur de la présence de PFAS, dans une centaine de produits utilisés par les femmes pendant leurs règles. Vous ne savez sans doute pas exactement ce que signifient les initiales PFAS (pour votre gouverne Per and PolyFluoroAlkyl Substances) mais vous savez sans aucun doute qu'il s'agit d'un grand groupe de composés chimiques synthétiques (plus de 12.000) très largement utilisés par les industriels dans divers domaines en raison notamment de leurs propriétés antiadhésives, antitaches, imperméabilisantes et de leur résistance à la chaleur. Et bien figurez-vous que ces chercheurs américains ont retrouvé des PFAS dans certains des produits analysés. Leur présence qui peut être accidentelle (contamination involontaire) ou intentionnelle (addition délibérée pour l'une ou l'autre propriété recherchée) pose évidemment problème, pas seulement pour les utilisatrices, mais aussi pour l'environnement. En effet, les PFAS sont pratiquement indégradables en raison des liaisons chimiques extrêmement stables entre les atomes de fluor et de carbone qu'ils renferment, ce qui les fait surnommés composés chimiques éternels, certains allant même jusqu'à parler de polluants éternels. En clair, ils sont bioaccumulables dans nos organismes et persistants dans l'environnement. Après utilisation, ces produits d'hygiène féminine sont jetés, ils finissent dans les décharges où ils se décomposent, libérant ainsi des PFAS qui contaminent le sol et la nappe phréatique ou alors s'ils sont incinérés les PFAS se retrouvent alors dans l'air ambiant. Le résultat le plus surprenant pour les chercheurs a été la présence de fluor total dans l'emballage de nombreuses serviettes hygiéniques et de certains tampons (probablement pour empêcher l'humidité d'y pénétrer), ainsi que dans les couches les plus extérieures de certains sous-vêtements menstruels (probablement pour faire en sorte que le sang menstruel reste cantonné dans les couches internes du sous-vêtement et ne se propage pas sur les vêtements). Tout cela part sans doute d’une bonne intention, mais à ce stade et compte tenu des soupçons qui pèsent sur les PFAS en matière de santé, la question qui se pose est la justification de leur présence. La réponse de Graham Peaslee, investigateur principal du travail de recherche est pleine de bon sens "Ces produits féminins sont essentiels, mais le besoin d'un emballage fluoré, ou le besoin d'une couche fluorée, ne semble pas l'être, car beaucoup des produits utilisés sont fabriqués sans recourir à ces composés." Plus de détails sur le travail dans <a href="https://youtu.be/bmOTfSanVVQ?si=SEgHWm5Qxn6bnVKV" target="_blank" rel="noopener">cette interview des deux principaux investigateurs</a>. PS : A-t-on des données sur les couches pour bébés (marché mondial d'environ 83 milliards de dollars en 2022) et de manière plus anecdotique sur les préservatifs eux aussi dispersés dans la nature après usage ?