La carence en fer est fréquente dans l'insuffisance cardiaque (prévalence rapportée allant de 30 à 80%) et est associée à un surcroît de décès et d'hospitalisations. Des études antérieures ont montré que la carboxymaltose ferrique (FCM) permettait d'améliorer les symptômes, la qualité de vie et l'aptitude à l'effort des insuffisants cardiaques carencés en fer, mais l'impact de ce traitement sur les événements cliniques est moins bien documenté.HEART FIDC'est dans ce contexte que s'inscrit l'essai randomisé contrôlé HEART-FID mené chez des insuffisants cardiaques chroniques ambulatoires symptomatiques, ayant une fraction d'éjection réduite (≤40%), recevant un traitement de fond à la dose maximale tolérée depuis au moins 2 semaines avant leur randomisation et carencés en fer.L'effet de la FCM administrée en IV à J0, J7 puis tous les 6 mois en fonction de la biologie (fer et hémoglobine) a été apprécié vs placebo sur un critère principal composite regroupant de façon hiérarchique les décès toutes causes à 12 mois, les hospitalisations pour insuffisance cardiaque à 12 mois et les modifications du test de marche de 6 minutes (6MWT) à 6 mois.Le principal critère secondaire était un composite regroupant survenue d'une première hospitalisation pour insuffisance cardiaque et décès d'origine cardiovasculaire sur la totalité du suivi. Les décès cardiovasculaires seuls étaient un autre critère secondaire.Au total, 3.065 patients ont été recrutés par 281 centres répartis dans 14 pays (âge moyen 69 ans, 34 % de femmes). Cet essai montre de légers avantages numériques en faveur de la FCM pour chacun des critères évalués, mais le seuil de signification statistique requis n'est atteint par aucun d'entre eux à titre individuel ou lorsqu'ils sont regroupésBien que négatif ce nouvel essai permet désormais d'avoir un idée plus précise de l'influence de la correction du déficit en fer sur les événements cliniques survenant chez les insuffisants cardiaques.Méta-analyse sur données individuellesEn témoignent les résultats de la méta-analyse présentée lors de la même session Hotline et qui a pris en compte les résultats de HEART FID en plus des résultats des deux autres études randomisées contrôlées vs placebo menées en double aveugle ayant une durée de suivi de 52 semaines (CONFIRM-HF et AFFIRM-AHF)Cette méta-analyse riche des données individuelles de 4.051 patients (âge moyen 69 ans, 63% d’hommes) souffrant d’insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection réduite ou légèrement réduite (moyenne 32%) et carencés en fer montre que sur la période étudiée de 52 semaines et par rapport au placebo, le traitement par FMC IV s’accompagne d’une réduction significative du premier composite principal regroupant hospitalisations et décès cardiovasculaires (risque relatif 0,86 ; IC 95% 0,75-0,98 ; p=0,029).Il ne s’agit en revanche que d’une tendance pour le second composite principal regroupant hospitalisations pour insuffisance cardiaque et décès cardiovasculaires (risque relatif 0,87 ; IC 95% 0,75-1,01 ; p=0,076).Les principaux critères d'évaluation secondaires étaient les composants individuels des critères composites principaux. Le traitement par FCM n'avait pas d'effet sur la mortalité, mais était associé à une réduction relative de 17% des hospitalisations cardiovasculaires (RR 0,83 ; IC 95% 0,73-0,96 ; p=0,009) et de 16% des hospitalisations pour insuffisance cardiaque (RR 0,84 ; IC 95% 0,71-0,98 ; p=0,025).Pour une vision globale cliquez iciIl est conclu que FCM IV intraveineuse devrait être envisagée chez les patients déficients en fer présentant une insuffisance cardiaque et une fraction d'éjection réduite ou légèrement réduite afin de réduire le risque d'hospitalisation dû à leur insuffisance cardiaque et à d'autres causes cardiovasculaires.D'après les présentations en conférence de presse et en session Hotline de Robert Mentz, Duke Clinical Research Institute, Durham, NC, USA et Piotr Ponikowski, Wroclaw University, Pologne. ESC 2023 Amsterdam 25-28 août