Dans le cadre de la pratique clinique, dépister si l'on n'a rien de concret à offrir est une attitude pour le moins discutable et qui peut être contestée. En revanche, ne pas le faire lorsque cela peut déboucher sur des interventions susceptibles de <b>modifier le cours évolutif d'un processus pathologique et/ou le pronostic</b> des personnes concernées pourrait être considéré comme une faute professionnelle et qualifié de non-assistance à personne en danger. Cette réflexion personnelle est la conséquence de la lecture d'une <b>étude danoise</b> ayant comparé les dossiers médicaux de 20.000 personnes ayant une MICI et 4,6 millions de sujets sans MICI servant de contrôle. Les investigateurs se sont concentrés sur les données de divers <b>dosages sanguins effectués au cours des 10 années précédant le diagnostic de MICI </b>et ils font état de subtiles modifications (s'inscrivant souvent dans l'éventail des valeurs considérées comme normales) qui sont repérables jusqu'à 8 ans avant le diagnostic de maladie de Crohn et jusqu'à 3 ans avant le diagnostic de rectocolite hémorragique. Dans le détail : <h2><b>Pour la maladie de Crohn,</b></h2> <b>8 ans avant le diagnostic</b> (stade préclinique), les taux de leucocytes, de neutrophiles et de plaquettes étaient plus élevés ; 7 ans avant, les taux de CRP étaient plus élevés et les taux d’hémoglobine plus faibles ; 5 ans avant, les taux de monocytes étaient plus élevés et les taux de fer, d’albumine et de bilirubine plus faibles. <h2><b>Pour la rectocolite hémorragique,</b></h2> <b>3 ans avant le diagnostic</b>, les taux de CRP, de leucocytes, de neutrophiles, d'éosinophiles et de plaquettes étaient plus élevés. Au total, des résultats qui suggèrent une sorte de <b>fenêtre d'opportunité</b> pour mettre en place des stratégies de prévention ou de traitement. "<i>A ce stade, nous ne savons pas encore si des mesures préventives telles que changer de régime alimentaire ou arrêter de fumer empêcheraient une personne de contracter ces maladies, mais cela ouvre la porte à cette possibilité</i>" précise l'un des expérimentateurs qui renchérit en ajoutant "<i>Cela souligne également l’importance d’un diagnostic et d’un traitement précoces, car de nombreux changements dans l’intestin se sont probablement produits bien avant que les personnes ne deviennent malades</i>". Tous les détails dans l'<b>article en accès libre, <a href="https://www.cell.com/cell-reports-medicine/fulltext/S2666-3791(23)00440-8" target="_blank" rel="noopener">gratuit et téléchargeable</a></b>