Des données précliniques ont établi la présence de récepteurs à la vitamine D sur les cellules de mélanome et ont montré que la vitamine D pouvait inhiber la croissance tumorale. Sur cette base, une équipe de Leeds a prouvé l'existence d'une relation inverse entre les niveaux de 25-hydroxyvitamine D et l'indice de Breslow et a rapporté un effet bénéfique de niveaux élevés de 25-hydroxyvitamine D sur la survie spécifique. Nous ne disposons cependant pas de données formelles concernant l'impact de la supplémentation en vitamine D en cas de mélanome (deux études non concluantes). <h2>Étude prospective belge randomisée contrôlée ViDMe</h2> C'est dans ce contexte que s'inscrit l'<b>étude prospective belge randomisée contrôlée ViDMe</b> dont les résultats ont été présentés par Julie de Smedt, KUL, lors du congrès 2024 de l'European Association of Dermato Oncology, Paris 4-6 avril. Cet essai a concerné 436 patients (âge moyen 55 ans, 54 % de femmes) atteints d'un mélanome cutané de stade IA à III ayant bénéficié d'une exérèse à visée curative. Selon la randomisation, ces patients ont ensuite reçu mensuellement en double aveugle soit 100.000 UI de cholécalciférol (minimum 6 mois, maximum 42 mois) soit un placebo (218 patients dans chaque bras). Dans le cadre d'un suivi médian de 52 mois (maximum 116 mois), les investigateurs ont apprécié la <b>survie sans rechute (critère principal)</b>, la mortalité spécifique, la survie globale et l'évolution des taux sériques de 25-hydroxyvitamine D au fil du temps. (critères secondaires). Dans cet essai, 40% des sujets avaient des taux initiaux sériques de vitamine D < 20 ng/ml. <h2>Absence d'effet bénéfique</h2> A 6 ans,le taux estimé de rechutes est de 26,5% dans le bras vitamine D vs 20,7% dans le bras placebo (HR 1,27 et 1,20 après ajustement) concluant à une <b>absence d'effet bénéfique</b> de la supplémentation sur la survie sans rechute (p 0,32 et 0,46 après ajustement). Il n’y a pas non plus d’effet bénéfique sur la survie globale ou spécifique. Ces résultats sont observés alors que les taux sériques de vitamine D ont effectivement été accrus par la supplémentation. Le gain moyen est de 17 ng/ml après 6 mois de supplémentation vs 0 ng/ml dans le bras placebo et cette différence est maintenue sur le long terme. Cette supplémentation ne s'est accompagnée d'aucun événement indésirable majeur. Une analyse post-hoc menée sur les sujets du bras supplémentation indique que les sujets ayant des taux initiaux de vitamine D < 20 ng/ml font significativement plus de rechutes que les sujets ayant des taux initiaux ≥ 20 ng/ml. Ce qui incite les investigateurs à recommander une supplémentation à faible dose de façon à <b>assurer un taux > 20 ng/ml</b>. La supplémentation à forte dose telle qu'utilisée dans l'essai n'est en revanche pas utile puisqu'elle n'a pas d'effet bénéfique sur l'évolution du mélanome (survie sans rechute, globale et spécifique).