<p style="font-weight: 400;"><strong>Néphrologue</strong>, le <strong>docteur Jean-Marc Desmedt</strong> vient de publier, avec <strong>Jérôme Hoarau</strong>, un livre intitulé « <em>La boîte à outils des soft skills en santé</em> » . Un livre dans lequel il nous invite à la réflexion sur l'amélioration de la prise en charge de nos patients.</p> <p style="font-weight: 400;">S'il est devenu évident que les « <strong>compétences non techniques</strong> » font la différence dans l’obtention de soins efficaces et durables, une <strong>communication médecin-patient</strong> claire et efficace s'impose pour arriver à emmener le <strong>patient</strong> à plus de <strong>compliance</strong>.</p> <p style="font-weight: 400;">Les techniques et pratiques <strong>d’intelligence collective</strong>, nécessaires pour établir cette communication, ne sont pas systématiquement enseignées dans le cadre d’une formation médicale. Intelligence émotionnelle, résolution de problèmes, conscience de soi, capacité de collaborer et de co-créer, sont autant de compétences indispensables à l'établissement d'une <strong>communication efficace</strong>.</p> <p style="font-weight: 400;">La <strong>boîte à outils</strong> des compétences non techniques essentielles en santé, compilée par le Dr Jean-Marc Desmet et Jérôme Hoarau, est un trésor de ressources permettant aux <strong>professionnels de la santé</strong>d’apprendre et de développer ces compétences clés et d’autres capacités nécessaires pour améliorer leur impact auprès de leurs collègues, patients et malades.</p> <p style="font-weight: 400;"><strong>Brève interview du Docteur Desmedt (*).</strong></p> <p style="font-weight: 400;"><strong><em>Soft skills de quoi parle-t-on ?</em></strong></p> <p style="font-weight: 400;">Les softs skills sont simplement les compétences humaines et relationnelles que toute personne a déjà et qu'elle peut encore développer. Ces softs skills ne sont pas à opposer aux hard skills, soit les compétences que les soignants développent dans leur formation, mais ces softs skills sont vraiment indispensables pour établir une bonne relation avec les patients.</p> <p style="font-weight: 400;"><strong><em>Alors on parle de compétences, de communication et d'écoute du patient. Durant les études de médecine, cela s'apprend-t-il?</em></strong></p> <p style="font-weight: 400;">Alors, il y a bien quelques formations sur la communication lors des études de médecine, mais c'est surtout sur le terrain, confronté à la réalité de la rencontre avec le patient, qu'on est amené à développer ses compétences. Il serait important pour permettre aux étudiants et aux soignants de pouvoir exprimer pleinement ces compétences relationnelles qui sont d'autant plus importantes dans le monde actuel qui est en changement rapide et constant, et dans lequel il faut pouvoir s'adapter aux différentes demandes.</p> <p style="font-weight: 400;"><strong><em>Les médecins ont-ils perdu ce côté humain car ils ont de moins en moins de temps et qu'ils sont concentrés sur leur diagnostic? Ce n’est pas simple de conjuguer les deux.</em></strong></p> <p style="font-weight: 400;">Je ne pense pas qu'ils l'ont perdu, ils ont choisi ce métier par la passion de l'humain, de la technologie et de la science, mais c'est vrai qu'il est plus difficile de pouvoir l'exprimer aujourd'hui, vu les défis quotidiens auxquels les soignants sont confrontés. Je pense particulièrement aux infirmières, aux aides-soignants qui sont en première ligne et pour qui la charge de travail est importante.</p> <p style="font-weight: 400;">Ce côté humain est là et peut être que le fait de ne pas pouvoir l'exprimer est une piste de réflexion à avoir sur toutes ces difficultés, ces burn-out que l'on peut rencontrer dans le monde des soignants. Je pense que c'est vraiment un sujet de société important parce qu'un soignant qui ne va pas bien, ce n'est pas bon pour le patient.</p> <p style="font-weight: 400;"><strong><em>Dans votre livre vous donnez des conseils pratiques, quelques astuces, quelques points qui pourraient être développés pour améliorer cette communication, cette relation.</em></strong></p> <p style="font-weight: 400;">Oui, en effet, l'écoute est importante, car il y a toujours une histoire. Prenons pour exemple le fait que vous souhaitiez arrêter de fumer. Il faut comprendre quelles vont être vos résistances, quels seraient pour vous les bénéfices, mais aussi vos peurs, comme la peur de prendre du poids. Il faut donc identifier, pour chaque personne, quelle va être sa spécificité, et puis l'aider à trouver les ressources les plus profondes qui sont en lui, le "pourquoi".</p> <p style="font-weight: 400;">Comment mettre tout cela en place, définir l'objectif avec le patient. Tout cela, ce sont des stratégies qui mettent une singularité dans la relation, parce que tout le monde n'a pas la même façon de vouloir arrêter de fumer. Mais c'est vraiment essentiel de pouvoir atteindre l'objectif.</p> <p style="font-weight: 400;"><strong><em>Comment fait-on, en tant que scientifique, quand vous avez un diagnostic sur une situation, que vous écoutez votre patient qui vous donne son ressenti, un ressenti qui n'est pas du tout scientifique et qui est parfois en contradiction avec ce que vous aviez relevé. </em><em>Comment fait-on pour réaliser la synthèse entre les deux ?</em></strong></p> <p style="font-weight: 400;">Je pense que c'est très important, il faut partir de là où est le patient, souvent il la peur quand il va voir le médecin, il se demande ce qu'on va lui dire et donc le soignant qui est dans le plan, dans le raisonnement clinique, il doit pouvoir descendre au niveau du patient pour que la rencontre puisse se faire et s'assurer que le message est bien compris. Il faut demander au patient "... et maintenant qu'est-ce que vous allez faire ?". Cela répond à deux questions, "Est-ce que j'ai bien communiqué ?", "Est-ce que le patient a compris ?".</p> <p style="font-weight: 400;"><strong><em>Vous parlez aussi d'humour, des notes d'espoir, ça marche aussi pour nouer une relation?</em></strong></p> <p style="font-weight: 400;">C'est ça un médicament sans effets secondaires qui ne peut avoir que des bénéfices. Bien sûr, il faut l'utiliser avec à bon escient, mais effectivement, ce sont des outils.</p> <p style="font-weight: 400;">Et puis il y a aussi des outils plus spécifiques pour que les équipes puissent fonctionner positivement entre elles. On ne fait plus la médecine tout seul, on la fait avec des collègues et on la fait aussi avec les patients, de plus en plus. Et là, il y a plein d'initiatives, de patients qui investissent ce rôle-là aussi, celui d'être accompagnants. Ils veulent être écoutés, ils veulent être entendus, reconnus, mais ils veulent aussi pouvoir participer à leur chemin de soins, de guérison.</p> <p style="font-weight: 400;">"<a href="https://www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/boite-outils-soft-skills-en-sante-52-outils-cles-en-main-pour-ne-plus" target="_blank" rel="noopener">Soft skills en santé. Pour ne plus soigner comme avant</a>." est paru aux éditions Dunod et s'accompagne de <a href="https://competences-soignantes.com/bonus/" target="_blank" rel="noopener">bonus en ligne</a>.</p> <p style="font-weight: 400;">Malheureusement, le livre n'a pas encore été traduit et n'existe qu'en français.</p> <p style="font-weight: 400;"> (*) Medipodcast sur base d’une interview diffusée sur <a href="https://www.rtl.be/page-videos/belgique/societe/comment-peut-ameliorer-la-prise-en-charge-des-patients/2023-06-09/video/557519" target="_blank" rel="noopener">RTL-TVI</a></p>