Les résultats d’une analyse secondaire de l’essai TAME (Treatments for Anxiety: Meditation and Escitalopram) comparant, chez des patients souffrant de troubles anxieux, réduction du stress basé sur la pleine conscience (MBSR) vs escitalopram (10 à 20 mg/j), montrent qu’à 8 semaines, l’option méditation fait jeu égal avec l’escitalopram en termes de diminution de l’anxiété et offre l’avantage de moins d’effets secondaires. Dont acte, mais…
Mais, curieux d’aller consulter le protocole de cette étude, j’y ai appris que les participants randomisés vers l’intervention MBSR devaient suivre un programme de 8 semaines enseigné et animé par un instructeur qualifié. Et c’est là que tout se complique…
En effet, ce programme comporte:
- Huit cours successifs d’une durée de 2,5 heures à intervalle d’une semaine, pendant lesquels sont exposées la théorie et la pratique de plusieurs formes de méditation de pleine conscience : balayage corporel complet, prise de conscience de la respiration et exercices d’étirement de pleine conscience conçus pour porter l’attention sur le corps et les mouvements de l’instant présent (en bref se concentrer sur le “ici et maintenant”)
- L’engagement des participants:
- à 45 minutes de pratique journalière à la maison
- à participer à des exercices pratiques informels leur demandent d’intégrer la pleine conscience dans leurs activités quotidiennes du moment.
- Le week-end de la fin du programme,participer à une retraite d’une journée (7 heures).
Conséquence (prévisible) de ce programme intensif, mentionnée dans les premiers résultats de cette étude, mais non signalée à nouveau dans cette analyse :
- à 8 semaines seulement, 3 patients sur 4 randomisés vers le bras MBSR (75%) avaient commencé le programme ou avaient participé à au moins 6 cours ;
- une persistance (définie comme la poursuite des 45 minutes journalières au moins 4 fois par semaine) qui n’est que de 49% puis de 28% à respectivement 12 et 24 semaines.
Je m’interroge dès lors sur le bien-fondé de la proposition de faire de la MBSR une option thérapeutique. Soyons honnête, les investigateurs eux-mêmes signalent que leurs résultats méritent d’être reproduits dans d’autres situations.
De fait, je me demande avec anxiété (Oups!) ce que cela donnerait en pratique clinique !
A quand un essai pragmatique sur cette importante question ?