L’étude STEP-HFpEF évalue l’impact du sémaglutide (agoniste du GLP-1) chez les sujets obèses ayant une insuffisance cardiaque (IC) à fonction systolique préservée. Les résultats présentés dès le premier jour du congrès en session Hotline en font sans conteste un des points forts de cet ESC 2023, Amsterdam 25-28 août.Environ la moitié des insuffisants cardiaques ambulatoires sont atteints de la forme avec fraction d'éjection préservée (HFpEF) et la plupart sont en surpoids ou obèses. L'hypothèse qui sous-tend l'essai randomisé contrôlé multicentrique international STEP-HFpEF est que chez les patients obèses (IMC ≥ 30 kg/m2 ) atteints d'HFpEF (FEVG ≥ 45%) symptomatiques (classe fonctionnelle II-IV de la New York Heart Association et Kansas City Cardiomyopathy Questionnaire Clinical Summary Score [KCCQ-CSS] <90 points), le traitement par l'agoniste des récepteurs du GLP-1 sémaglutide pourrait, outre faire maigrir ces patients, améliorer significativement leurs symptômes et leurs limitations physiques.Le traitement était administré en double aveugle sous forme soit d'une injection SC de 2,4 mg de sémaglutide par semaine soit de placebo pendant 52 semaines.Les deux critères d'évaluation principaux étaient la différence entre le départ et la semaine 52du KCCQ-CSS (mesure de référence des symptômes et des limitations physiques liés à l'insuffisance cardiaque)du poids corporelLes critères secondaires incluaient la distance de marche en 6 minutes (6MWD), un composite regroupant de façon hiérarchique décès, événements liés à l'IC et modifications du KCCQ-CSS et du 6MWD et enfin les modifications de la CRP.L'essai a inclus 529 patients, âge médian 69 ans et 56% de femmes, classe NYHA II 66% et III ou IV 34%, médianes initiales de poids/IMC 105 kg/37 kg/m2 et de KCCQ-CSS/6MWD 59 points/320 mètres.L'essai est positif sur toute la ligne avec de meilleurs résultats significatifs par rapport au placebo avec le sémaglutide pour tous les critères évalués (plus de details ici).STEP-HFpEF principaux résultatsCritères principauxLa variation moyenne entre l'inclusion et la semaine 52 étaitpour le KCCQ-CSS de 16,6 points avec le sémaglutide versus 8,7 points avec le placebo (différence estimée entre les traitements [EDT] : 7,8 points ; IC 95% 4,8-10,9 ; p < 0,001).pour le poids corporel de -13,3% avec le sémaglutide versus - 2,6% avec le placebo(EDT : -10,7% ; IC 95% -11,9% à -9,4% ; p < 0,001).Critères secondairesLa variation moyenne entre l'inclusion et la semaine 52 étaitpour le 6MWD de 21,5 m avec le sémaglutide versus 1,2 m avec le placebo(ETD : 20,3 m ; IC 95% 8,6-32,1 ; p <0,001).pour la CRP de -43,5 % avec le sémaglutide versus -7,3 % avec le placebo(EDT : 0,61 ; IC 95% 0,51-0,72 ; p < 0,001).et pour le critère composite hiérarchique, le sémaglutide a produit plus de victoires que le placebo (taux de victoire 1,72, IC 95% 1,37 à 2,15 ; p < 0,001).Sachez encoreAu cours des 52 semaines, un seul patient a présenté un événement en rapport avec l'IC (consultation en urgence ou hospitalisation) dans le bras sémaglutide versus 12 patients dans le bras placebo.Ces bénéfices pondéraux et symptomatiques sont obtenus sans problèmes particuliers de tolérance, des événements indésirables graves ont été rapportés deux fois plus souvent avec le placebo qu'avec le sémaglutide, soit 71 participants (26,7%) versus 35 participants (13,3%), p <0,001).Commentant ces résultats Mikhail Kosiborod investigateur principal de l'étude a déclaré :"Chez les patients obèses atteints d'HFpEF, le traitement par sémaglutide 2,4 mg a produit d'importantes améliorations en termes de symptômes, de limitations physiques et d'aptitude à l'exercice, il a réduit l'inflammation et a entraîné une perte de poids plus importante et moins d'événements indésirables graves que le placebo. À notre connaissance, il s'agit du premier essai d'un agent pharmacologique ciblant spécifiquement l'obésité en tant que stratégie de traitement de l'HFpEF et l'ampleur des avantages que nous avons documentés est la plus importante jamais observée avec n'importe quel agent dans cette pathologie. Ces résultats auront d'autant plus probablement un impact significatif sur la pratique clinique qu’il existe une pénurie de traitements efficaces pour ce groupe de patients vulnérables. Nous pensons par ailleurs qu'ils devraient également changer la nature du débat sur le rôle de l'obésité dans l'HFpEF, dans la mesure où ils indiquent clairement que l'obésité n'est pas qu'une simple comorbidité, mais une cause profonde et une cible pour une intervention thérapeutique."En d'autres termes et pour conclure, l'obésité joue probablement un rôle dans le développement et la progression de l'HFpEF. Elle contribue à accentuer la symptomatologie, à limiter les performances physiques et à amoindrir la qualité de vie. Nous avons désormais des moyens efficaces pour la contrer.Dr JC Lemaire ESC 2023 Amsterdam 25-28 août.