Sommes-nous en train d’assister à une main mise des diabétologues sur l’hépatologie ?
La formulation est sans doute excessive, mais ce qui est certain c’est que nous sommes en train d’assister à ce qui s’est passé avec la cardiologie vers la fin du siècle dernier.
En clair, une partie substantielle de la cardiologie est devenue métabolique et le même processus se produit sous nos yeux pour l’hépatologie. Un des signes les plus flagrants est la nouvelle dénomination de la stéatose hépatique non alcoolique qu’il faut désormais appeler stéatose hépatique associée à un dysfonctionnement métabolique (MASLD pour metabolic dysfunction-associated steatotic liver disease)
Sont concernées par un tel diagnostic toutes les personnes ayant une stéatose hépatique sans facteurs étiologiques probants autres que la présence d’une (oui vous avez bien lu, d’une seule) des 5 manifestations classiques du syndrome métabolique (tour de taille excessif, hypertriglycéridémie, HDL-c bas, hypertension artérielle et désordre glycémique).
Au vu de la présence extrêmement fréquente de ces anomalies dans la population générale, on peut soit se plaindre d’une médicalisation outrancière, soit faire remarquer que leur présence s’accompagne d’un risque accru de problèmes hépatiques et cardiovasculaires et d’un excès de mortalité toute cause qui croissent parallèlement au nombre d’anomalies, ce qui peut justifier des mesures légitimes de santé publique.
Fin mai de cette année l’American Diabetes Association a clairement pris position et recommande dépistage et prise en charge précoce pour toutes les personnes ayant un diabète.
Le consensus global publié dans Diabetes Care est en accès libre et gratuit, mais la simple lecture de l’abstract est déjà extrêmement enrichissante et vous aidera à vous forger votre propre opinion.